"On essaie de performer et de toujours s'améliorer. Notre objectif, c'est d'être encore là dans quelques années"
Alors que la saison 2025 approche à grands pas, Solary se prépare à faire son retour en LFL de manière fulgurante avec un tout nouveau effectif. Après une année difficile sur League of Legends en 2024, Sakor "Le Roi Bisou" Ros s'est entretenu avec Sheep Esports après la finale de la Coupe de France pour évoquer le mercato, l'année à venir, mais aussi l'équipe académique de Solary et ses espérances pour l'avenir de l'organisation.
Solary s'est incliné en finale de la Coupe de France, ce qui reste néanmoins un bien meilleur résultat que le reste de l'année. Comment te sens-tu ?
Sakor "Le Roi Bisou" Ros: "Ouais, c'est la lose. Ce n'est pas grave, on va dire que c'était une compétition de fin de saison, les gens sont en try-out. Ce n'est pas une compétition importante. Évidemment, si on avait gagné, ça aurait été la plus grande compétition de l'histoire. Mais ce n'est pas le cas, donc on va dire que c'était un peu une « momo LAN ».
Pour toi, quels sont les points positifs et négatifs que Solary retient de cette année 2024 ?
Sakor: En vrai, dans l'idée, c'est plus négatif que positif, évidemment au vu des résultats. J'avoue que ça n'a pas cliqué comme on l'aurait voulu. On sait qu’en scrim, ça marchait bien, mais en officiel, il y avait un peu plus de pression et on a été un peu moins flexibles.
Après, il n'y a pas que du négatif, car on a réussi à construire une histoire autour de l'équipe. Elle était vraiment attachante, et les gens ont vraiment aimé le projet malgré les résultats. Ça, c'est le positif à retenir.
On a aussi pu voir des profils prometteurs, comme Decay qu'on a d'ailleurs re-signé, et TakeSet qui est revenu et a bien re-signé aussi. Donc voilà, il y a quand même du bon. L'année prochaine, on a réussi à créer déjà le cœur de l'équipe, et maintenant, il faut construire autour.
Les fans de Solary peuvent-ils être hypés pour 2025 ? Est-ce que l’équipe vise le titre pour de bon cette fois ?
Sakor: Écoute, on va éviter de dire qu'on joue le titre. Je pense qu'on espère évidemment le jouer, mais déjà, viser les playoffs c'est bien. Si on peut aller chercher plus haut, c'est encore mieux. Faire le Main Event des EMEA Masters en plus, ce serait magnifique. Mais voilà, étape par étape : playoffs, EMEA, et ensuite, on pense au titre.
Vous ramenez Dan Dan en tant que coach, un ancien joueur emblématique de la scène française. Quel est ton ressenti à son arrivée ?
Sakor: Après, membre emblématique... il nous a surtout bien cassé la gueule, c'est surtout ça. Lorsqu'il était chez LDLC à l'époque, je me rappelle encore de son Vladimir, mais en tout cas, il a vraiment beaucoup d'expérience. Il a participé aux LCS, au LEC, et aux LCS Challengers, puis il a été promu assistant coach en LCS. C'est un coach qui a beaucoup d'expérience maintenant, et il est également très fort sur le plan humain. Il saura gérer des profils qui peuvent être difficiles à encadrer, et il a une bonne compréhension du jeu.
C'est pour cela qu'on a voulu sécuriser le coaching staff en priorité, pour leur donner les clés du projet et construire sur le long terme. En gros, on a signé Dan Dan pour deux ans. L'objectif n'est pas de se focaliser sur un seul split. Si ça ne marche pas sur un split, ce n'est pas grave. L'important, c'est de construire sur le long terme, d'apprendre de ce premier split et de progresser, split par split.
Avec les changements à venir en LFL, comme les trois splits et le salary cap, comment Solary s’adapte pour construire et préparer son roster pour l’année prochaine ?
Sakor: Moi, j'avoue que l'idée des trois splits, je ne suis pas fan. J'ai toujours dit que je trouve ça à chier. Maintenant, c'est un choix de Riot, et on ne peut pas aller contre Riot. C'est comme ça. Ils ont décidé cela pour la Ligue majeure, et du coup, les ligues mineures doivent s'adapter.
De notre côté, au niveau du salary cap, ça ne nous a pas trop bouleversés parce qu'on était déjà à peu près dans les limites. En fait, on était même un petit peu en dessous, donc au final, ça ne change pas spécialement notre budget pour l'équipe LFL. Franchement, au niveau de la gestion pour 2025, on n'est pas spécialement perturbés. On verra tout simplement ce que ça va donner avec les trois splits et si les gens vont adhérer et accrocher. Ça pose encore des questions et ça fait encore débat. Mais bon, peut-être que ça va faire comme en LEC avec l'arrivée d'une nouvelle équipe en LFL qui apporte des vues.
Comment Solary prend-elle en compte les attentes des fans, surtout après les critiques en fin de Summer Split ? Est-ce que satisfaire les fans influence vos plans pour 2025 ?
Sakor: Bien sûr. De toute façon, le but, c'est de rendre les fans heureux, de les rendre fiers, etc. Malheureusement, on fait de notre mieux. On essaie d'être là sur le long terme, mais les gens pensent qu'on peut aller chercher des profils de fou et faire des choses extraordinaires. Sauf que nous, on le fait avec l'argent qu'on a.
Comme je l’ai toujours expliqué, ça fait sept ans qu'on existe, et c'est dur d'exister dans un milieu esport qui, comme on le sait, n'est pas spécialement rentable. On joue beaucoup sur l'image et sur le fait de bien faire les choses avec les sponsors et la communication. C'est une priorité pour nous. Évidemment, on essaie de performer et de toujours s'améliorer. Malheureusement, ça n'a jamais vraiment pris, mais notre objectif, c'est d'être encore là dans quelques années.
Du coup, on agit avec nos moyens. Maintenant, on essaie de rendre les fans fiers et heureux, et nous aussi, on espère. Un jour, ça arrivera, et là, ce sera le bonheur.
Comment Solary parvient-elle à équilibrer ses ambitions sportives avec les réalités financières, surtout après les retours positifs sur votre bilan ? Est-ce un défi pour l'équipe ?
Sakor: C'est très difficile, il faut le dire. Il faut réussir à être toujours attentif aux profils qui pourraient être prometteurs et leur faire de bonnes offres en créant un projet solide. C'est pour cela qu'on a recruté Decay et TakeSet, car ce sont des profils qui peuvent attirer des joueurs désireux de performer. Ce qui est dur, c'est de toujours trouver des profils qui ne vont pas trop nous coûter cher tout en étant compétitifs.
On sait qu'on ne sera jamais les premiers sur des profils superstar, car il y aura toujours les équipes LEC qui sont en priorité dessus, les académies de LEC et les équipes qui ont un budget plus élevé que le nôtre. Cela signifie qu'on doit naviguer à travers toutes ces contraintes. Pour l'instant, je trouve qu'on se débrouille bien. On fait avec ce qu'on a, et je pense que ça va, mais c'est vrai qu'un peu plus de résultats ne ferait pas de mal.
En parlant des résultats, Solary Académie a atteint les demi-finales de CDE, marquant une belle progression. Quel est ton ressenti vis-à-vis du projet ?
Sakor: En réalité, je trouve que l'équipe académique a vraiment eu un impact positif, surtout avec l'arrivée de Rym, qui a vraiment hypé les gens. C'était une équipe qui avait du cœur, et j'ai adoré les voir jouer. J'espère qu'on aura une équipe académique l'année prochaine aussi. Tout dépendra du budget, mais je pense qu'on en aura une, en tout cas c'est ma volonté.
Je considère que c'était un point très positif, cette équipe académique. Elles ont vraiment tout donné, bien communiqué et réalisé de bonnes performances. Même si, malheureusement, on a perdu en demi-finale comme tu l'as dit, les mois précédents étaient très prometteurs. On a gagné un qualifier et tout, on était un peu loin, mais on a réussi à bien progresser. Donc, même si ça ne s'est pas terminé comme on l'aurait souhaité, cela reste quand même du positif.
Pour revenir à la Coupe de France, parlons du format, notamment de la Fearless Draft. Quel est ton avis sur ce système, qui suscite pas mal de débats et qui n'est pas toujours apprécié par tous ?
Sakor: Alors évidemment, ça demande un pool de champions plus important, ce qui rend les parties un peu plus épicées. Personnellement, j'aime bien en tant que spectateur ; je trouve ça cool. Cependant, d'un point de vue compétitif, je comprends que cela puisse ne pas plaire aux équipes professionnelles. En effet, cela les oblige à sortir de leur zone de confort, et elles ne sont pas forcément sur les meilleurs picks de la méta, ce qui ne représente pas le meilleur spectacle en termes de niveau de jeu pur.
Cela dit, je trouve que, d'un point de vue ludique, c'est intéressant. Tout dépend ensuite de la manière dont les gens prennent cela au sérieux. Dans l'idée, je trouve ce format intéressant et je pense qu'il pourrait être intégré à plus grande échelle. Cela pourrait forcer les joueurs à expérimenter de nouvelles choses et dynamiser le format compétitif. Pourquoi pas !
Même si jouer à la PGW sur scène est sympa, penses-tu qu'il manque un peu de sérieux chez certaines équipes ? Quelle a été ton impression générale sur cet événement ?
Sakor: En réalité, je trouve que la Coupe de France est une très bonne idée, mais que le timing n'est pas bon. Pour moi, cela devrait être joué un peu comme la Coupe de France au football, c'est-à-dire pendant la saison, lorsque les joueurs sont déjà en train de scrim et de s'entraîner. Ils ne sont pas dans une période de mercato, où certains joueurs n'ont pas la tête à cela. Dans ces moments-là, les joueurs s'entraînent moins ensemble, car ils savent qu'ils ne joueront plus avec la même équipe.
Je pense que le format est intéressant, mais qu'il pourrait être modifié pour le rendre vraiment captivant. Forcément, faire s'affronter l'Open Tour avec la Division 2 et la Division 1 crée toujours des choses intéressantes. Cela ajoute un peu de spectacle, par exemple, de voir un Nameless jouer contre n'importe quelle autre équipe. Un peu comme au football, lorsqu'on voit des équipes de Ligue 1 affronter des petits clubs, il y a toujours ce côté où tu te dis : « Tiens, c'est stylé quand même ! » Et s'il y a un upset, c'est la fête.
Chap a mentionné sur Twitter que SkewMond avait failli rejoindre Solary Academy, mais qu'il n'avait pas pu à cause de problèmes de micro. As-tu un message pour lui, surtout qu'il rejoint maintenant G2 ?
Sakor: Déjà, félicitations à lui ! Il a fait une saison de dingue. Cette année-là, il était injouable. Franchement, c'est un gars qui bosse de fou et qui mérite tout le respect. Donc, grand GG à toi SkewMond ! T’as intérêt à tout défoncer.
Bon, je ne veux pas parler de la future équipe, parce que ce n'est pas encore officiel, évidemment. Mais c'est vrai que c'est dommage qu'on ne l’ait pas signé. Dans tous les cas, il aurait été tout là-haut comme prévu. J'avoue que, de notre côté, quand on l’a scouté, c'était pour l'équipe académique en Division 2. C'était pour avoir une équipe un peu plus orientée vers les streamers, mais ce n'était pas ce qu'il ambitionnait.
Pour terminer, la question qui fâche : quand prévois-tu de revenir en Master ?
Sakor: Bah là, je pars au Japon du 26 octobre au 10 novembre. Donc, je rentre, je fais deux jours de solo queue et je passe Master, disons autour du 15 novembre."
Note éditoriale: Sakor était encore Diamant 3 le 15 novembre... Pari perdu ! Cinq jours n'ont pas suffi.
Crédit photo de l'en-tête: ZLAN / Chloé Ramdani
- Armand Luque -
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